Une équipe coréenne annonce la validation clinique d’un outil d’intelligence artificielle capable d’analyser automatiquement les tomodensitométries (CT) non injectées pour calculer le score ASPECTS chez les patients victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC). Publiée dans Clinical Radiology, l’étude met en avant une performance particulièrement marquée dans la phase hyperaiguë, période critique pour la prise de décision thérapeutique.

Contexte et principe de l’outil

Le score ASPECTS est une méthode standardisée pour estimer l’étendue d’un infarctus cérébral à partir d’images CT. En phase initiale de l’AVC, les modifications d’intensité sur les images sont souvent très subtiles, ce qui complique l’interprétation visuelle et peut conduire à des discordances entre spécialistes. L’IA développée par JLK (제이엘케이) vise à fournir une lecture objective et reproductible de ces images, sans injection de produit de contraste, afin d’orienter rapidement la stratégie thérapeutique.

Résultats clés de la validation

L’étude publiée compare la cohérence des lectures ASPECTS réalisées par l’IA et par des médecins spécialistes, en particulier pour les patients examinés dans les trois premières heures suivant l’apparition des symptômes. Les indicateurs rapportés montrent :

  • une cohérence intraclasse (ICC) notablement supérieure pour l’IA dans la fenêtre hyperaiguë (ICC 0,751) versus celle des spécialistes (ICC 0,434) ;
  • une concordance entre les scores fournis par l’IA et ceux d’un logiciel commercial de référence (Rapid ASPECTS) ;
  • une corrélation significative entre les scores ASPECTS calculés par l’IA et les volumes d’infarctus mesurés en IRM (corrélation de −0,532) ;
  • une capacité de repérer les infarcissements volumineux (> 70 mL) avec une précision rapportée de 96,9 %, critère important pour la décision de thrombectomie.

Ces résultats suggèrent que, lorsque l’IRM n’est pas disponible ou retardée, l’analyse automatisée des CT non injectés peut offrir une base fiable pour décider rapidement d’un geste invasif ou d’un traitement adapté.

Ce que cela change pour la prise en charge en urgence

En pratique, l’apport principal attendu est une réduction des variations d’interprétation entre lecteurs et une accélération de la décision thérapeutique durant l’« heure d’or », phase où chaque minute compte. Un outil fournissant des lectures stables sur des CT de première intention pourrait :

  • limiter les erreurs liées à l’évaluation visuelle de faibles différences d’atténuation ;
  • permettre une orientation plus rapide vers une thrombectomie ou un autre traitement lorsque le volume d’infarctus dépasse un seuil critique ;
  • standardiser la qualité diagnostique entre établissements disposant d’infrastructures d’imagerie variables.

Kim Dong-min, PDG de JLK, a qualifié cette technologie de « boussole » pour les situations d’urgence, soulignant l’objectif d’assurer un diagnostic standardisé et de qualité dans n’importe quel service des urgences.

Limites, usages et conformité réglementaire

Si les résultats sont prometteurs, plusieurs limites et questions pratiques demeurent avant un déploiement généralisé. Les auteurs et l’entreprise signalent la nécessité d’études multicentriques et d’une intégration dans les parcours cliniques pour former les équipes et garantir la conformité réglementaire internationale. De plus, la traduction d’une amélioration de la cohérence diagnostique en bénéfice clinique mesurable (mortalité, séquelles fonctionnelles) reste à établir dans des essais prospectifs.

Ce qui reste à confirmer :
  • la reproductibilité des résultats dans des centres variés et des populations différentes ;
  • l’impact effectif de l’utilisation de l’IA sur les délais de traitement et les résultats patients au-delà de la corrélation avec l’IRM ;
  • le calendrier et l’issue des démarches réglementaires et des validations multicentriques annoncées.

À retenir

  • Une IA coréenne a été cliniquement validée pour automatiser le score ASPECTS sur CT non injecté, avec une forte cohérence en phase hyperaiguë.
  • L’outil montre une bonne concordance avec un logiciel commercial et une corrélation significative avec les volumes d’infarctus mesurés en IRM.
  • Il détecte les très gros infarctus (> 70 mL) avec une précision élevée, ce qui peut aider à décider d’une thrombectomie lorsque l’IRM n’est pas disponible.
  • Des études multicentriques et une intégration clinique sont prévues pour confirmer la généralisabilité et assurer la conformité réglementaire.

Article amélioré avec l'IA - Article original