En Inde, l'arrivée d'assistants de programmation fondés sur l'IA modifie profondément les pratiques : des outils comme Cursor, GitHub Copilot ou Lovable génèrent désormais une grande partie du code, accélèrent les livraisons et transforment les attentes des employeurs. Cette mutation suscite des inquiétudes, en particulier chez les développeurs juniors, et pose la question de la formation, de l'évaluation et de la qualité du logiciel.
Ce qu'observent les développeurs sur le terrain
Plusieurs témoignages rassemblés auprès de professionnels indiens décrivent un usage massif des générateurs de code. Dans certains cas, la chaîne de travail consiste à formuler des instructions à l'IA, vérifier rapidement la sortie, l'ajuster puis livrer. Un développeur front‑end interrogé explique utiliser Cursor pour produire la majorité du code et des outils comme Lovable pour tester des preuves de concept. Selon lui, cela accélère la mise sur le marché mais réduit la courbe d'apprentissage sur le poste.
Des responsables semblent encourager cette dynamique au nom d'une logique « build and ship » : un exemple cité rapporte un manager déclarant que « whatever coding you had to learn you learnt in college. Now is the time to build and ship. » Parallèlement, des entreprises déploieraient des tableaux de bord mesurant la qualité des requêtes adressées à l'IA et le taux d'utilisation de ces assistants, créant un nouveau type d'indicateur de productivité.
Enjeux pour les compétences et la qualité du code
Le débat est divisé. Pour certains, l'IA est une « drogue productive » : elle augmente la vitesse et permet d'explorer des frameworks plus rapidement. Des développeurs expérimentés constatent que, bien utilisés, ces outils multiplient la capacité à livrer. Pour d'autres, en revanche, déléguer la génération au modèle sans comprendre le code généré conduira à des résultats médiocres et à une perte de savoir‑faire fondamental.
Plusieurs voix rappellent que les éléments les plus complexes du métier restent difficiles à automatiser : définition des objectifs, conception architecturale, validation et vérification. Savoir reprendre la main lorsque le générateur « débloque » est présenté comme une compétence essentielle. Certains responsables de projets indiquent qu'ils lisent chaque ligne produite par l'IA et consultent la documentation, transformant l'outil en accélérateur d'apprentissage plutôt qu'en substitut total.
Conséquences pour les entreprises, les écoles et l'évaluation
La montée de ces assistants oblige à repenser plusieurs éléments opérationnels et pédagogiques. Du côté des entreprises, la mesure de la productivité pourrait bientôt inclure des indicateurs liés à l'usage de l'IA et à la qualité des instructions fournies à ces systèmes. Cela soulève des questions sur la pertinence des métriques actuelles (lignes de code, tickets clos) et sur l'équité des évaluations.
Dans l'enseignement et la formation en entreprise, la crainte est que les juniors n'acquièrent pas de fondations solides s'ils apprennent essentiellement à formuler des requêtes à l'IA plutôt qu'à résoudre des problèmes sans assistance. À l'inverse, certains formateurs estiment que l'IA peut accélérer l'apprentissage si elle est intégrée de façon réflexive, avec un travail systématique de vérification, de lecture critique et de compréhension des sorties générées.
Ce qui reste à confirmer
- Quel sera l'impact à moyen et long terme sur les trajectoires de carrière des développeurs qui commencent avec ces outils ?
- Comment les tableaux de bord d'usage de l'IA seront‑ils réellement exploités par les entreprises pour l'évaluation et le recrutement ?
- Dans quelle mesure les formations évolueront‑elles concrètement pour intégrer à la fois maîtrise des fondamentaux et savoir‑faire en matière d'usage de l'IA ?
À retenir
- En Inde, l'usage massif d'assistants IA modifie la pratique du développement logiciel et soulève l'inquiétude chez des juniors et des pairs expérimentés.
- Les outils accélèrent les livraisons, mais peuvent masquer un déficit de compréhension si l'on n'apprend pas à vérifier et corriger le code généré.
- Des entreprises mesurent déjà la qualité des requêtes et le taux d'utilisation d'IA, générant de nouveaux indicateurs de productivité.
- Le défi consiste à repenser formations, évaluations et parcours professionnels pour combiner savoirs fondamentaux et compétences dans un travail hybride homme‑IA.
Article amélioré avec l'IA - Article original