Une nouvelle startup canadienne, nommée Cura, propose de transformer la production de ciment en remplaçant la chaleur fossile par un procédé électrochimique. Fondée par Phil De Luna, Erin Bobicki et Sabrina Scott à partir de travaux de l’Université de la Colombie‑Britannique, l’entreprise affirme pouvoir réduire sensiblement les émissions liées à la fabrication du ciment tout en restant compétitive sur les coûts.

Un procédé électrochimique pour éviter la calcination

Le procédé développé par Cura repose sur un électrolyseur destiné à fragmenter le calcaire (carbonate de calcium) en chaux (matière première du ciment) et en dioxyde de carbone d’une pureté suffisante pour d’autres usages ou pour un stockage contrôlé. L’intérêt annoncé est d’éviter la calcination traditionnelle, qui chauffe le calcaire avec des combustibles fossiles et génère une part importante des émissions du procédé.

La société présente cette approche comme une forme de « pré‑capture » du carbone : au lieu de tenter de récupérer le CO₂ après combustion, le CO₂ serait produit sous forme concentrée et séparée dès l’extraction de la chaux.

Contexte et enjeux industriels

Le ciment est l’un des constituants essentiels du béton et contribue de manière significative aux émissions mondiales de CO₂ ; le secteur du béton est évoqué à hauteur d’environ 8 % des émissions planétaires. Face à cette part importante, les solutions envisagées incluent la réduction de la quantité de ciment dans les formulations, l’usage de matières premières alternatives ou la capture ponctuelle du CO₂ en sortie d’usine. Selon Cura, ces approches présentent des limites de montée en charge ou des coûts élevés, alors que son procédé viserait à être à la fois moins émetteur et économiquement compétitif, sans « prime verte ».

Feuille de route, partenaires et positionnement

Cura est basée à Vancouver et Calgary. Le trio fondateur associe l’expérience scientifique et industrielle de Phil De Luna (ancien dirigeant scientifique de Deep Sky) à la direction exécutive d’Erin Bobicki et à la contribution opérationnelle de Sabrina Scott, impliquée dans les recherches initiales à l’Université de la Colombie‑Britannique. L’entreprise a déjà développé un prototype de laboratoire et avance des objectifs de montée en puissance :

  • construction d’un pilote d’environ 100 tonnes par an à déployer dans les 12 à 16 mois en Colombie‑Britannique ou en Alberta ;
  • démonstration à l’échelle de 10 000 tonnes par an dans un délai d’environ trois ans ;
  • intégration industrielle visée au cours de la prochaine demi‑décennie.

Sur le plan commercial, Cura indique être en discussion avec des cimentiers pour des essais sur site et avoir signé un partenariat avec un promoteur international d’infrastructures. L’entreprise a démarré en autofinancement et recherche désormais des capitaux pour financer ses étapes de démonstration.

Phil De Luna a expliqué qu’il a quitté la startup Deep Sky pour lancer Cura, estimant que ce projet correspondait au bon problème, à la bonne technologie et à la bonne équipe. Il a aussi observé que le marché des technologies de capture et de retraitement du CO₂ est actuellement très compétitif et confronté à des tensions sur le marché du crédit carbone.

Limites et éléments à confirmer

Plusieurs points demeurent à valider par des essais industriels et des évaluations indépendantes : l’affirmation d’une réduction des émissions pouvant atteindre 85 % repose sur des données internes et doit être confrontée à des analyses de cycle de vie complètes. De même, la capacité à produire la chaux à un coût inférieur à celui du ciment conventionnel (sans prime verte) dépendra des coûts de l’électricité, de la durée de vie et de l’efficacité des électrolyseurs, ainsi que de la logistique autour du CO₂ pur produit.

Les échéances annoncées pour le pilote, la démonstration et l’intégration industrielle restent conditionnelles aux financements, aux autorisations locales et aux validations techniques issues des essais sur site. Enfin, des questions opérationnelles importantes, comme l’utilisation ou le stockage du CO₂ capté et l’intégration du système dans des usines de ciment existantes, n’ont pas été détaillées publiquement.

À retenir

  • Cura développe un procédé électrochimique pour extraire la chaux du calcaire sans combustion fossile.
  • La startup affirme pouvoir réduire jusqu’à 85 % des émissions de production de ciment et rester compétitive économiquement.
  • Objectifs annoncés : pilote 100 t/an dans 12–16 mois, démonstration 10 000 t/an en trois ans, intégration industrielle en ~5 ans.
  • Des partenariats et des discussions avec des cimentiers sont en cours, mais les résultats industriels restent à confirmer.
  • La validation finale dépendra d’essais à grande échelle, d’évaluations de cycle de vie et de la disponibilité de financements.

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